La Forge, au cœur de la tzintre

Au cœur du hameau de La Tzintre, sur la commune de Val-de-Charmey, la forge raconte plus de cent cinquante ans d’histoire rurale. Dans ce lieu où se croisaient les armaillis, les marchands et les muletiers, le fer et le feu accompagnaient la vie du fromage et des alpages.

Dès la fin du 19e siècle, La Tzintre forme un véritable petit centre économique : les caves à fromage y accueillent les meules venues d’une centaine de montagnes voisines, la boulangerie-épicerie Villermaulaz alimente le hameau, l’auberge des XIX Cantons abreuve et rassemble, et la forge veille sur les chevaux, les mulets et les outils agricoles.

La forge, tĂ©moin vivant 
du savoir-faire artisanal de la vallée

Créée vers 1870, la forge de La Tzintre s’inscrit dans le sillage d’une époque où le métal était au service du monde paysan et des alpages. Le premier maréchal-ferrant connu, Jacob Kaisermann, y exerçait déjà à la fin du XIXe siècle, au moment où le hameau connaissait un essor lié au commerce du fromage et au passage incessant des muletiers. En 1906, Louis Jolliet annonce son installation dans les colonnes de La Gruyère, marquant une nouvelle étape dans la vie de l’atelier. Mais la Première Guerre mondiale et les difficultés économiques conduisent à une fermeture temporaire en 1917.

C’est en 1919 que la forge retrouve tout son souffle : invitĂ© par Calybite Overney, Canisius Roos quitte Bellegarde et la forge de son frère pour reprendre celle de La Tzintre. Les grands travaux du barrage de Montsalvens, tout proche, offrent alors de nombreux dĂ©bouchĂ©s: rĂ©parations d’outils, ferrage d’animaux, entretien de charrois et de machines. 

La forge devient un lieu incontournable du hameau, où l’on vient aussi pour échanger les nouvelles et partager un verre à l’Auberge des XIX Cantons voisine.

Athanase et Canisius Roos, Samuel Glauser

électricité rime avec modernité

En 1920, l’arrivée de l’électricité transforme le métier : un moteur électrique entraîne un arbre de transmission, relié par des courroies de cuir à une meule-émerie, une fileteuse, une scie mécanique, une perceuse à colonne et un marteau-pilon. L’artisanat traditionnel s’allie alors à la modernité, permettant un développement important de la production et des réparations métalliques. Cet équipement, installé par Oscar Bugnard, fonctionne toujours aujourd’hui.

s'adapter aux changements

En 1953, Athanase Roos — que tout le monde appelait Thanase — prend la relève de son père Canisius. Homme de son temps, il adapte son savoir-faire Ă  l’évolution du monde rural : les chevaux se font rares, mais les besoins en mĂ©canique se multiplient. Il devient rĂ©parateur et vendeur de vĂ©los et de cyclomoteurs, reprĂ©sentant les marques Allegro et NSU, tout en maintenant vivante la tradition familiale du travail du fer. 

En 1998, il éteint le foyer pour la dernière fois, mais son fils Frédy veille à préserver la forge comme si le maréchal-ferrant l’avait quittée la veille, comme l'a souhaité Athanase. La forge de La Tzintre reste un repère de la vie artisanale du Val-de-Charmey, animée par la passion et la précision du geste.

Découvrir la Forge, c'est possible!

La Forge propose des visites pour les groupes, sur demande. Des visites individuelles sont organisées à dates fixes.